Et la flamme brûle brûle brûle. Journée mémorable aujourd'hui, vraiment. J'ai réussi l'exploit de photographier une bougie avec le machin numérique. Oh ça n'a l'air de rien comme ça mais figures toi que ça n'est pas une mince affaire cette histoire là. Parce que quand tu regardes une bougie brûler (es-tu une femme dont la passion secrête et inavouable est de regarder les bougies brûler?) tu vois la base bleue de la flamme, au dessus une couronne orange, le corps blanc de la flamme puis la pointe orange et au millieu tu distingues très bien la mèche incandescente. C'est une bête flamme pour ainsi dire. Mais tu vois aussi le corps en cire (ou en enveloppe de babybel) de la bougie et tout le décor éclairé par la flamme. Nono est en train de virer moine boudhiste, appareil photo dans une main, moulin à prières dans l'autre, es-tu en train de te dire. Eh bien essaie donc de photographier une bougie allumée, tu feras moins la maline va. Ben oui, avec un appareil automatique la flamme apparaît complètement blanche, c'est plus une bougie mais une ampoule de 100 W à paraffine. Alors, dût ma modestie en souffrir, comme je m'estime un poil plus malin qu'une bougie à 0,23 euros de chez Leclerc, j'ai passé mon après-midi à photographier ce satané et insignifiant morceau de cire qui prétendait effrontément ne pas se laisser photographier. Il m'a quand même fallu 12 photos pour en venir à bout, c'est un peu vexant quelquepart. Mais comme je suis grand seigneur je consens à te livrer ce secrêt du feu percé à coups d'heures perdues (oui evidemment tu t'en fiches un peu éperduement mais si tu pouvais juste faire semblant d'avoir attendu cette révélation toute ta vie ça serait adorable et me donnerait le sentiment de ne pas avoit tout à fait perdu cette journée). En fait le truc c'est de régler l'exposition sur la luminosité de la flamme, du coup seule la flamme, bleue-orange-blanche tout comme il faut, apparaît, tout le reste étant noir. Et la, la feinte, c'est d'utiliser le flash à puissance minimale pour éclairer le décor, si bien que sur la photo on voit à la fois le decor et la flamme comme les voit notre oeil. Ah et puis comme c'est un peu facile tout ça il faut aussi faire la mise au point manuellement parce que l'autofocus a un peu de mal avec les flammes qui flammillent. Mais toi qui est médecin m'expliqueras-tu pourquoi nos yeux à nous ils font tout ça tout seuls, sans flash ni rien, comme ça rien qu'en regardant la bougie? C'est quand même un tout petit peu extraordinaire ça non? Tu ne crois pas? Moi je crois bien. Et puis toi qui es Lulu m'expliqueras tu pourquoi je continue à ne voir que la flamme et son apparente fragilité alors que la bougie est à peine allumée, alors qu'il reste tant de cire à brûler, alors quelle ne va pas s'éteindre de sitôt, alors que rien ne presse? Je crois bien que mon autofocus à moi est tout cassé. C'est pas grave je vais devenir super fort en photo avec le machin numérique...

Rien. Bah oui je n'ai rien à dire aujourd'hui. D'une part parce qu'il ne s'est rien passé aujourd'hui (du moins rien qui permette d'affirmer positivement que je suis plus vivant que Ramses II) et d'autre part parce que je ne suis pas d'humeur bavarde ce soir (vi j'aime bien avoir des humeurs contrairement à Ramses II). Oh bien sur, je pourrais te raconter, à n'en plus finir, comment j'ai héroïquement, faisant fi du danger, la peur au ventre malgré l'entrainement, malgré la préparation psychologique de tous les instants, comment cette après-midi vers 15 heures, me rappelant qu'un jour tu aimais assez l'idée que je sois dans la même boulangerie que toi sans le savoir, serrant contre moi l'eau de la fontaine de Trévise où même après des dizaines de kilos de mois survivent 3 immortelles bactéries qui ni ne meurent ni ne se reproduisent sous prétexte que le Pape l'a bénie, regardant une dernière fois cette photo sépia de toi que je n'ai pas, relisant ces lignes où j'apprenais qu'être le fils du boucher de ta mère pouvait rendre taliban, qu'une femme agonisante est belle, oui comment cette après-midi vers 15 heures je suis sorti de chez moi en repensant à tout c'tralala, mon bonnet laponien sur ma tête en l'air, mes gants troués sur mes mains mises, mes chaussures en forme de rien sur mes pieds à terre, en repensant à tout ce que j'ai trop dit , à ce silence qu'il aurait fallu préférer, et puis que tout compte fait il ne fallait plus y penser car c'était il y a des millions d'années, que de toutes façons un Gaston fait forcément des bêtises et puis je me disais aussi que ca tenait à peu de choses, qu'en voyant un jour met.formine sur l'écran j'aurais pu tout aussi bien décider d'aller faire dodo mais non il a fallu que j'écrive des inepties alors je me demande si tout ça c'est par hasard, qui a bien pu dire que quand deux personnes sont faites l'une pour l'autre elles ne sont pas forcément faites l'une pour l'autre maintenant, et toutes ces questions c'est comme la barbapapa qui tourne autour du petit bout de bois pour faire un gros nuage sucré qui flotte mais qui colle aux dents, oui je pourrais te le raconter à n'en plus finir, mais non. Parce que ce soir je suis taciturne (j'aime bien être taciturne car dedans il y a tacite) alors tu seras privée d'inepties. Mais j'ai très envie de longues conversations ineptiques.